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DISCOURS SEPTIÈME. 81

puce, composées d’un seul verre dont l’usage est partout assez commun, bien qu’on n’ait pas encore connu la vraie figure qu’elles doivent avoir : et, pourcequ’on sait ordinairement que l’objet est fort proche lorsqu’on les emploie à le regarder, il ne peut paroître si grand qu’il feroit, si on l’imaginoit plus éloigné.

Il ne reste plus qu’un autre moyen pour augmenter la grandeur des images, qui est de faire que les rayons qui viennent de divers points de l’objet se croisent le plus loin qu’il se pourra du fond de l’œil ; mais il est bien sans comparaison le plus important et le plus considérable de tous, car c’est l’unique qui puisse servir pour les objets inaccessibles aussi bien que pour les accessibles et dont l’effet n’a point de bornes : en sorte qu’on peut, en s’en servant, augmenter les images de plus en plus jusques à une grandeur indéfinie : comme, par exemple, d’autant que la première des trois liqueurs dont l’œil est rempli cause à peu près même réfraction que l’eau commune, si on applique tout contre un tuyau plein d’eau, comme EF[1], au bout duquel il y ait un verre GHI, dont la figure soit toute semblable à celle de la peau BCD qui couvre cette liqueur, et ait même rapport à la distance du fond de l’œil, il ne se fera plus aucune réfraction à l’entrée de cet œil ; mais celle qui s’y

  1. Figure 29.