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84 FRANÇOIS VILLON

de la poésie personnelle qui en fait une œuvre essentielle- ment originale et neuve.

Mais il importe, tout d’abord, de protester contre le sentiment d’un critique dont les jugements sont d’ordinaire

La Nuef Chastel, bonne fortressce,
Et aussi j’ay laissié Gonnesse
Au lieu ou elle souloit estre.
Et s’ay laissié a chascun prebstre
Qui chantera après ma mort,
Une bonne couronne et fort.
J’ay laissié aux champs trop de biens
Car je n’en pance aporter riens
C’un linceul pour moy estuver :
Autrement ne me vueil huver.
Et si vous laisse vers Beaumont
La rivière qui va amont
Pour prendre l’eau a vostre usaige.
Je u’ay mais qu’un povre frommaige
Que je doing maistre Nicolas.
Et si laisse joie et soûlas
A ceuls qui la vouldront avoir.
Et le surplus de mon avoir
Retien et ne le donne point,
Pour ce que je suis en bon point,
Et ne me vueil jamais defrire,
Car on y a trop de martire :
Qui se deffrit, il est honnis.
Le Lendit laisse a Saint Denis
Chacun an perpetuelement ;
Et s’y laissié pareillement
Au Roy le Louvre et le Palays,
Et la Tour du Bois, c’est beau lays;
Et a messire Maturin
Uue queue de vin de Ryn
A prandre et lever sur sa rente
De risle, quant elleyert en vente.
Plus ne vueil laissier a présent,
Et je vous envoie un présent