Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923.djvu/131

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(cf. la ballade [des seigneurs du temps jadis]). L’s assourdie dans -honneste donne une rime exacte avec -Vallette (T xcvii), de même -deshonnestes : tarteletes (T 650-2) ; honneste avec -admoneste (L xiv) : Coquillart fait rimer -sornette avec -admoneste, ce qui donne la prononciation -admonète. Il y a d’ailleurs sur la prononciation de ces mots en este quelque incertitude qui tient à ce que l’s a été muette un temps et sonore un autre (cf. Quicherat, p. 365).

L’s, au pluriel est si fortement articulée qu’elle assourdit pleinement la consonne précédente ; c’est ainsi que messeigneurs, rongneux (T cxii) riment correctement. Aujourd’hui encore, le mot -piqueurs, dans le langage des chasseurs, se prononce -piqueux (cf. à ce sujet, Thurot, t. II, p. 165 et 190).

L’x dans dextre sonnait s (Ballade [aux filles de joie]) : l’s elle-même s’assourdissait complètement ; de là les rimes estre, congnoistre, senestre, estre, perpetre, mettre qui montrent que l’s était muette. L’x de Calixte sonnait s, d’où la rime avec papaliste, scotiste, amaliste, resiste, etc., (bal. [des seigneurs du temps jadis]). L’x entre deux voyelles sonnait comme une s ; tauxee : Macee (T 1210-2). Devant t, la consonne p ne se prononçait pas, d’où ceptres : ance(s)tres (T 278-80). Les mots hébreux et latins terminés en m et en n suivent la prononciation française ; cordoen : laudem (T 46 ; 48) ; an : amen (T 1357 ; 1358). De même, les mots en an riment avec les mots en en : ancien, Valerien, crestien riment régulièrement avec an (année) (T cxxxvi) ; de même Jehan : an : amen : ancien (T cxxvii)[1]. Les

  1. Erasme a protesté contre cette prononciation et en a montré les graves inconvénients en latin et en grec : « Vix in alia littera magis errat Gallorum vulgus, a pro e sonantium, si quando vocalem excipiat n aut m. Nam pro quendam sonant quandam, pro redemptus redamptus, pro