Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923.djvu/29

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lence, où les étudiants régnaient en maîtres, sans cesse en contestation avec la police et le Châtelet : « Pires ne trouverez que escoliers », disait un proverbe du temps[1], que les faits ne se chargeaient que trop de confirmer. Mais, depuis une dizaine d’années, la situation, malgré l’intervention royale du 26 mars 1446, et la réforme de l’Université parle légat, Guillaume d’Estouteville, en 1452, avait plutôt empiré et était devenue intolérable[2]. Jamais à bout d’inventions quand il s’agissait de molester les paisibles bourgeois et de narguer la prévôté, les étudiants avaient trouvé fort plaisant, en 1451, d’arracher de terre une borne que l’humour populaire avait surnommée le Pet-au-Deable, borne qui se trouvait dans la rue du Martroy-Saint-Jean sur l’emplacement où s’élève aujourd’hui la caserne Lobeau, vis-à-vis de l’hôtel d’une riche propriétaire. Mademoiselle de Bruyères, veuve de maître Girard de Bruyères, de son vivant notaire et secrétaire du roi[3]. Ils avaient transporté cette borne au Mont Saint-Hilaire, derrière la place Maubert. Sur la plainte de l’intéressée, les gens du roi avaient repris la pierre et l’avaient déposée, pour plus de sûreté, dans l’enceinte même du Palais[4]. Mais, soutenus par les Baso-

  1. Les Proverbes communs, à la suite de l’édition de Villon de Treperel pour Michel Le Noir (Mazarine 933 A) ; n° 7 de la Bibliographie donnée plus loin.
  2. Ordonnances des rois de France, t. XIII, p. 458 ; Denifle-Chatelain, Chartularium Universitatis parisiensis, t. IV, p. 669 ; Marcel Fournier, Hist. de la science du droit en France, t. III (1892), p. 53 et suiv. ; et, pour l’ensemble, P. Champion, t. I, ch. iv.
  3. Champion, t. II, p. 396.
  4. Le 15 novembre 1451, la Cour avait commis « maistre Jehan Bezon, lieutenant criminel, pour soy informer de l’aport et transport d’une pierre appellee le Pet au deable ». Il devait appréhender au corps les coupables, et les ajourner « a comparoir en personne ». Bibl. nat., Dupuy, 250, fol. 19 ; fr. 5908, fol. 66 v°. Cf. Schwob, Réd. et notes, p. 88 et suiv.