Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

térinement, on peut supposer qu’il y alla au début de 1458 ; mais, à cette date, le roi René n’y était plus et ne devait y rentrer de plusieurs années[1]. Aussi ce séjour à Angers de la part de Villon, s’il eut lieu, dut être de très courte durée.

Certainement prévenu des suites du vol du Collège de Navarre et de l’instruction en cours, Villon ne pouvait songer à rentrer à Paris. Plus encore que l’homicide de Sermoise, les conséquences de ce vol pèseront lourdement sur toute son existence. Empêché, comme banni, de rentrer à Paris, forcé d’errer par les provinces sans moyens d’existence assurés, contraint par nécessité sinon par goût de subir la fréquentation des malfaiteurs nomades et des Coquillards qu’il rencontrait sur sa route, Villon se voyait fermés devant lui les moyens de régénération qui auraient pu le sauver, et se trouvait par la force des choses condamné à tomber in profundum malorum, suivant l’expression employée par le procureur du roi à l’endroit d’un de ses amis, Regnier de Montigny[2]. Villon poursuivait donc son voyage d’exilé, et se rendit à Blois où séjournait alors le duc Charles d’Orléans. Celui-ci l’accueillit favorablement et le fit inscrire sur la liste des poètes pensionnés qu’il entretenait à sa cour. Nous en avons la preuve dans la ballade que Villon écrivit pour le concours institué par le duc lui-même, ballade dont le thème était :

Je meurs de soif auprès de la fontaine

  1. D’après l’Itinéraire publié par Lecoy de la Marche, le roi René présent à Angers en 1457 jusqu’au 20 février, en fut absent les années 1458, 1459 et 1460. Le Roi René, t. II, p. 457-8. On pourrait supposer que ce fut de dépit que Villon aurait écrit les vers qui semblent faire allusion à ce dernier.
  2. Plaidoirie de Barbin en Parlement, 24 août 1457, dans Longnon, Étude biogr., doc. VII, p. 150-151.