Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

simple clerc des finances pour tout potage[1] ! Villon s’exprime à demi-mots, sûr d’être compris par ceux-là seuls auxquels il s’adresse ; mais, de la lecture attentive de son texte il semble se dégager une idée tout autre, très sérieuse sous ses dehors burlesques, et qui ne tendrait à rien moins qu’à donner à voir dans cette « recommandation » une dénonciation en forme pour crime d’hérésie ou de sacrilège, hypothèse des plus plausibles et qui est discutée en son lieu et place[2].

Villon ne dut faire qu’un court séjour à Bourges : les ennuis qu’il y avait éprouvés et une épidémie assez sérieuse qui régnait alors expliquant suffisamment son départ[3].

  1. Pour tout potaige : l’expression est du temps. Cf. Coquillart, Le Plaidoyé d’entre la Simple et la Rusée, t. II, p. 18. On disait aussi, dans le même sens, « pour tous mes » (mets) ; ibid., t. I, p. 82. (Édit. Ch. d’Héricault.)
  2. Cf. le Commentaire et les notes relatifs à ces deux huitains.
  3. A Bourges, en mai 1458, l’épidémie qui sévissait alors fut jugée assez grave pour provoquer le départ d’un certain nombre de chanoine de la Sainte-Chapelle. Extraits des registres capitulaires de la Sainte Chapelle de Bourges, fr. n. acq. 1367, fol. 61. Cette épidémie est encore confirmée dans des lettres de rémission accordées à un pauvre orfèvre de cette ville, un certain Denis Merot qui, cette même année 1458, « avoit fait enterrer trois de ses enfans par occasion de la mortalité qui avoit esté en ladicte ville ». Chômant depuis de longs mois, et pressé par la misère, il avait consenti de fondre en lingots deux calices d’or sur trois qui avaient été volés en l’église Saint-Jean de Bourges et que deux compagnons, vraisemblablement deux coquillards, l’un nommé Guillaume Aubin, l’autre Perrinet, lui avaient remis à cette fin. Les lettres sont datées du mois de février 1458 (v. st.). Arch. nat. JJ 188, fol. 17vo-18. Il n’est nullement impossible que Villon ait été au courant de cette affaire et que cette dernière même ait eu quelque connexité avec la sienne propre. — Le passage des Coquillards à Angers et dans la région, dans le second semestre de 1456, est nettement attesté (affaire Jehan Doubte et Jehan Chevalier, dans Schwob, Revue des Deux Mondes, 15 juillet 1892, p. 402). Ces vols de calices se renouvellent sans