Page:Œuvres de Louise Ackermann.djvu/164

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Sans doute elle a rendu nos ombres moins funèbres ;
Un peu de jour s’est fait où ses rayons portaient ;
Mais son pouvoir ne va qu’à chasser des ténèbres
Les fantômes qui les hantaient.

Et l’homme est là, devant une obscurité vide,
Sans guide désormais, et tout au désespoir
De n’avoir pu forcer, en sa poursuite avide,
L’Invisible à se laisser voir.

Rien ne le guérira du mal qui le possède ;
Dans son âme et son sang il est enraciné,
Et le rêve divin de la lumière obsède
À jamais cet aveugle-né.

Qu’on ne lui parle pas de quitter sa torture.
S’il en souffre, il en vit ; c’est là son élément ;
Et vous n’obtiendrez pas de cette créature
Qu’elle renonce à son tourment.

De la lumière donc ! bien que ce mot n’exprime
Qu’un désir sans espoir qui va s’exaspérant.
À force d’être en vain poussé, ce cri sublime
Devient de plus en plus navrant.