Page:Œuvres de Louise Ackermann.djvu/174

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Au-dessus de l’abîme emportant sa colombe,
Un grand aigle éperdu s’élever dans les cieux.
Le cher et faible oiseau tremble et ferme les yeux.
Elle ne savait pas, cette serre puissante,
Qu’en l’enlevant si haut elle allait le meurtrir.
Triste et chaste inconnue, ô colombe innocente !
Combien ton aigle a dû te faire aussi souffrir !
Il est des cœurs de feu, foyers d’ardeur intense :
Pour s’embraser soi-même il suffit d’y toucher.
Résistez à l’attrait, tenez-vous à distance,
Car c’est vouloir périr que de s’en approcher.
Si par un soir d’été la phalène imprudente
Voit dans l’obscurité luire une lampe ardente,
Affolée, elle court vers l’éclatant flambeau ;
Mais qu’elle effleure au vol la flamme de son aile,
Son trépas est certain ; hélas ! c’en est fait d’elle ;
Elle meurt consumée en ce brûlant tombeau.

Ton cœur eut donc son jour d’éclaircie et de trêve,
Pascal, puis, effrayé, ton pauvre amour en sort,
Se croyant un péché, lui qui n’était qu’un rêve.
Mais voici le réveil ; au combat ! à l’essor !
Fi des bas-fonds humains ! que le ciel seul te tente !
Là du moins tu pourras aimer sans t’avilir,
Et, s’il est dans ton cœur une place d’attente,
Trouver l’unique objet digne de le remplir.
D’un élan plus fougueux sur ta noble victime
Tu reviens à l’assaut, âpre et tenace Foi !