Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/284

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Qui ramène le jour dans ces retraites ſombres ?
Que vois-je ? Mon aſpect épouvante les ombres ?
Que de gémiſſements ! Que de cris douloureux !
1660 « Oreſte ! » Qui m’appelle en ce ſéjour affreux ?
Égiſthe ! Ah ! C’en eſt trop, il faut qu’à ma colère…
Que vois-je ? Dans ſes mains la tête de ma mère !
Quels regards ! Où fuirai-je ? Ah ! Monſtre furieux,
Quel ſpectacle oſes-tu préſenter à mes yeux ?
1665Je ne ſouffre que trop ; monſtre cruel, arrête ;
À mes yeux effrayés dérobe cette tête.
Ah ! Ma mère, épargnez votre malheureux fils ;
Ombre d’Agamemnon, ſois ſensible à mes cris ;
J’implore ton ſecours, chère ombre de mon père ;
1670Viens défendre ton fils des fureurs de ſa mère ;
Prends pitié de l’état où tu me vois réduit.
Quoi ! Juſque dans tes bras la barbare me ſuit !…
C’en eſt fait ! Je ſuccombe à cet affreux ſupplice.
Du crime de ma main mon cœur n’eſt point complice ;
1675J’éprouve cependant des tourments infinis.
Dieux ! Les plus criminels ſeraient-ils plus punis ?