Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/46

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Laiſſe au ſang de Minos Phèdre & le labyrinthe,
Au mien ſa pureté ſans tache & ſans atteinte.

I S M È N E.

Madame, quel tranſport ! Qu’entends-je ! Et quel diſcours !
Quoi ! Vous vous reprochez de coupables amours !

É R I X È N E.

Tout reproche à mon cœur le feu qui me dévore ;
Je reſpire un amour que ma raiſon abhorre.
De mon père en ces lieux j’oſe trahir le ſang ;
De mon père immolé je viens rouvrir le flanc ;
À la main des bourreaux je joins ma main ſanglante ;
Enfin, ce cœur ſi fier brûle pour Idamante.

I S M È N E.

Vainqueur de votre père…

É R I X È N E.

Vainqueur de votre père… Iſmène, ce vainqueur
Sut ſans aucun effort ſe ſoumettre mon cœur.
Je me défiais peu de la main qui m’enchaîne,
Ayant tant de ſujets de vengeance & de haine ;
Ni qu’Idamante en dût interrompre le cours,
Avec tant de raiſon de le haïr toujours ;
Comptant ſur ma douleur, ma fierté, ma colère,
Et, pour tout dire enfin, ſur le ſang de mon père ;
Et mon père en mes bras ne faiſait qu’expirer,