Car enfin, dépouillé de cet auguſte titre,
Ton roi de ſon amour ne ſera plus l’arbitre.
Dans ces lieux, où bientôt je ne pourrai plus rien,
Mon fils va devenir & ton maître & le mien.
Eſſayons ſi des dieux la colère implacable
Ne pourra s’apaiſer pour un roi moins coupable ;
Ou du moins, ſur un vœu que le ciel peut trahir,
Mettons-nous hors d’état de jamais obéir.
Non comme une victime aux autels amenée,
Tu verras couronner le fils d’Idoménée.
Le ciel après, s’il veut, ſe vengera ſur moi :
Mais il n’armera point ma main contre mon roi ;
Et, ſi c’eſt immoler cette tête ſacrée,
La victime par moi ſera bientôt parée.
Ce prince ignore encor quel ſera mon deſſein ;
Sait-il que je l’attends.
Au ciel, par tant d’horreurs qui pourſuit ſon ſupplice,
Il prépare, ſeigneur, un triſte ſacrifice ;
Et, mouillant de ſes pleurs d’inſensibles autels,
Pour vous, pour vos ſujets il s’offre aux immortels.
Vous n’êtes point touchés d’une vertu ſi pure !
Pardonnez donc, grands dieux, ſi mon cœur en murmure.