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C a t i l i n a.

Je ne connois que trop ce mortel redoutable,
Et le plus grand de tous, s’il étoit moins coupable.
Oui, Madame, c’eſt luio voilà le furieux
Qui veut ſouiller de ſang ſa patrie & ſes Dieux,
Égorger le Sénat, immoler votre père,
Et la flamme à la main déſoler Rome entière.

C A T I L I N A feignant de ne pas reconnoître Fulvie.

Quoi, vous oſez commettre un homme tel que moi
Avec des malheureux ſi peu dignes de foi !
Et vous me réduiſez à ſouffrir qu’un eſclave,
Au mépris de mon rang, me flétriſſe & me brave !
Ah ! c’eſt pouſſer l’injure & l’audace trop loin.

T U L L I E.

Ingrat, rougis du crime, & non pas du témoin :
Mais en vain ton orgueil s’attache à le confondre,
Vanter ta dignité, ce n’eſt pas me répondre.
Adieu.
[À Fulvie.]
Adieu.  Vous, ſuivez-moi.

C A T I L I N A arrêtant Fulvie.

Adieu. Vous, ſuivez-moi.  Non, non, il n’eſt plus temps,
Cet eſclave eſt chargé d’avis trop importants ;
D’ailleurs, dès qu’avec lui vous oſez me commettre,
Souffrez qu’en d’autres mains je puiſſe le remettre.
Probus, venez à nous.

SCENE V.