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T r a g é d i e.

Nous le verrons bien-tôt ſe détruire lui-même.
Allumons le flambeau de la ſédition,
Rien ne peut nous ſauver que leur diviſion.
Tu ne ſais pas encor quel péril nous menace :
Un Romain, tu connois ſa valeur, ſon audace ;
Et quel Romain encor ! Céſar depuis un an
Brigue en ſecret l’honneur d’être notre tyran ;
C’eſt à nous gouverner que ce héros aſpire.
Si la Seine un moment coule ſous ſon empire,
Nous ſommes tous perdus, & Gaulois, & Germains
Vont tomber ſous le fer ou le joug des Romains.
Ce que la Grèce, Rome, & l’univers enſemble,
Eurent de plus parfait, dans Céſar ſe raſſemble :
Prudent, ambitieux, l’homme de tous les temps,
De toutes les vertus, & de tous les talens,
Intrépide, éclairé, d’autant plus redoutable,
Que de tous les mortels il eſt le plus aimable.
Mais Catilina vient ; cher Gontran, laiſſe-nous.


S C È N E   I I.
C A T I L I N A,   S U N N O N.
C A T I L I N A.

Je vous cherche, Sunnon, & j’ai beſoin de vous ;
De nos deſſeins ſecrets la trame eſt découverte,

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