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LIBER PARAMIRUM

fussent formés, l’Esprit du Seigneur flottait sur les eaux, et était comme soutenu par celles-ci. Ces eaux étaient la matrice[1]. Car c’est dans l’eau que le ciel et la terre ont été créés, et dans nulle autre matrice. Dans celle-ci était porté l’Esprit du Seigneur, c’est-à-dire l’Esprit de Dieu qui est dans l’homme, et que toutes les autres créatures ne possèdent pas. C’est à cause de cet esprit que l’homme, afin qu’il ne soit pas seul, a été formé ensuite, et, dans l’homme, l’Esprit même du Seigneur. C’est pourquoi l’Esprit de Dieu entre dans l’homme, et vient de Dieu, et retourne à Dieu. Puis donc que le monde n’a pas été autre chose qu’une eau[2], et que l’Esprit du Seigneur était porté sur les eaux, l’eau a été faite en vue du monde[3]. Et ainsi elle est la matrice du monde et de toutes les créatures qui sont en lui. Et puisqu’il devait exister aussi une matrice de l’homme, dans celle-ci Dieu a formé l’homme, c’est-à-dire un domicile à son esprit dans la chair. La matrice de cet homme[4] était le monde entier ; sa semence était le Limbe, c’est-à-dire une semence dans laquelle résidait le monde entier. Et ceci est le premier avènement de l’homme. Ensuite l’homme a été séparé de cette matrice, et, de lui, sa propre matrice a été formée, c’est-à-dire cette femme qui n’est autre que le monde entier ; et l’Esprit du Seigneur est en elle,

  1. Voir le tome I des Villes Initiatiques, où nous avons longuement développé cette théorie.
  2. Palthenius traduit : n’eût pas été monde, mais eau.
  3. Zu der Welt. Palthenius traduit, de même que Gérard Dorn : elle a été faite monde.
  4. Mensch, c’est-à-dire de l’humanité ou du genre humain.