Page:Œuvres de Robespierre.djvu/240

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avertis par notre exemple même, tout aussi ennemis du peuple et de l’égalité que les nôtres, se sont ligués comme eux avec le gouvernement pour retenir le peuple dans l’ignorance et dans les fers, et pour échapper à la déclaration des droits. Ne nous objectez pas les mouvements qui s’annoncent dans quelques parties des états de Léopold, et particulièrement dans le Brabant ; car ces mouvements sont absolument indépendants de notre révolution et de nos principes actuels. La révolution de Brabant avait commencé avant la nôtre ; elle fût arrêtée par les intrigues de la cour de Vienne secondées par les agents de celle de France ; elle est près de reprendre son cours aujourd’hui, mais par l’influence, par le pouvoir, par les richesses des aristocrates, et surtout du clergé qui l’avait commencée, il y a un siècle, entre les Pays-Bas autrichiens et nous, comme, il y a un siècle, entre le peuple des frontières de vos provinces du Nord et celui de la capitale. Votre organisation civile du clergé et l’ensemble de votre constitution, proposés brusquement aux Brabançons, suffiraient pour raffermir la puissance de Léopold ; ce peuple est condamné, par l’empire de la superstition et de l’habitude, à passer par l’aristocratie pour arriver à la liberté.

Comment peut-on, sur des calculs aussi incertains que ceux-là, compromettre les destinées de la France et de tous les peuples ?

Je ne connais rien d’aussi léger que l’opinion de M. Anacharsis Cloots. Je réfuterai en passant, et par un seul mot, le discours étincelant de M. Anacharsis Cloots ; je me contenterai de lui citer un trait de ce sage de la Grèce, de ce philosophe voyageur dont il a emprunté le nom. C’est, je crois, cet Anacharsis grec qui se moquait d’un astronome qui, en considérant le ciel avec trop d’attention, était tombé dans une fosse qu’il n’avait point aperçue sur la terre. Eh bien ! l’Anacharsis moderne, en voyant dans le soleil des ta-