Page:Œuvres de Robespierre.djvu/274

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les partisans du royalisme sous l’étendard du culte dont ils feront les frais. Vous allez rouvrir ces églises particulières que la sagesse des magistrats avait fermées ; toutes ces écoles d’incivisme et de fanatisme, où l’aristocratie irritée rassemblait ses prosélytes sous l’égide de la religion. Vous réveillez la pieuse prodigalité des fanatiques envers les prêtres dépouillés et réduits à l’indigence ; vous établissez entre les uns et les autres un commerce de soins spirituels et de services temporels, également funeste aux bonnes mœurs, au bien des familles et à celui de l’État ; enfin, vous réchauffez le fanatisme engourdi ; vous rappelez à la vie la superstition agonisante, pour le seul plaisir de violer toutes les règles de la saine politique. Ne voyez-vous pas encore le signal de la discorde élevée dans chaque ville, dans chaque village surtout ; les uns voudront un culte, les autres voudront s’en passer, et tous deviendront, les uns pour les autres, suivant la diversité des opinions, des objets de mépris ou de haine. Et d’ailleurs, pouvez-vous compter pour rien le manquement à la foi publique, donnée aux ministres actuels, au nom de la liberté même, par les premiers représentants du peuple, et le malheur de réduire à l’indigence un si grand nombre de citoyens ? Ne craignez-vous pas que leur désastre paraisse même un sinistre présage à tous les créanciers de l’état ?

Si ce système est détestable en politique, il n’est guère meilleur en finances. C’est la dernière proposition que j’ai promis de prouver.

Pour qu’une mesure financière soit bonne, il faut 1o qu’elle tende au soulagement des citoyens les plus indigents ; si c’est une mesure d’économie, il faut qu’elle porte sur les dépenses les plus inutiles et qui peuvent être supprimées avec le moins d’inconvénient. Or, quoiqu’on en ait dit, loin que le système du comité soulage le peuple, il fait retomber sur lui tout le poids des dépenses du culte. Faites-y bien attention : quelle est la portion de la société qui est dégagée