Page:Œuvres de Robespierre.djvu/32

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de violence dont plusieurs provinces avaient été le théâtre, proposait d’adresser au peuple une proclamation pour lui rappeler les bienfaits du roi, et l’inviter à ne plus troubler la paix publique. Robespierre se leva pour combattre cette motion :

« Il faut aimer la paix, » dit-il, « mais aussi il faut aimer la liberté ! On parle d’émeute ! mais, avant tout, examinons la motion de M. Lally. Je la trouve déplacée, parce qu’elle est dans le cas de faire sonner le tocsin. Déclarer d’avance que des hommes sont coupables, qu’ils sont rebelles, est une injustice. Elle présente des dispositions facilement applicables à ceux qui ont servi la liberté et qui se sont soulevés pour repousser une terrible conjuration de la cour. »

Son opinion fut soutenue par Buzot, et l’Assemblée ne vota la motion de Lally-Tollendal qu’avec de profondes modifications[1].

  1. Dans ce même mois de juillet, tombèrent sous les coups du peuple, les murs de l’ancienne Bastille. On peut penser que la nouvelle en fut accueillie avec satisfaction par Robespierre. Cependant, à cette époque, il ne désespérait pas de pouvoir concilier la cause populaire avec celle de la vieille monarchie. Quand le roi, accompagné de ses deux frères, vint sans escorte déclarer à l’Assemblée nationale, qu’il se fiait à elle, Robespierre ne fut pas un des moins enthousiastes à l’acclamer. « Nous le reçûmes avec des applaudissements incroyables, écrit-il à un de ses amis dans une lettre que cite M. Hamel ; et le monarque fut reconduit de la salle nationale à son château, avec des démonstrations d’enthousiasme et d’ivresse qu’il est impossible d’imaginer. » — Le 17 juillet, Louis XVI s’étant décidé à se rendre au désir des Parisiens, et à aller visiter sa bonne ville de Paris, il fut au nombre des députés chargés d’accompagner le roi et y entra avec lui à l’hôtel de ville, où, raconte-t-il dans la même correspondance, le président du corps électoral, Moreau de Saint-Méry, lui adressa ces paroles libres dans un discours flatteur : « Vous deviez votre couronne à votre naissance, vous ne la devez plus qu’à vos vertus et à la fidélité de vos sujets. » Il déclare aussi, avec complaisance, qu’on prodigua au monarque les démonstrations de joie