Page:Œuvres de Robespierre.djvu/328

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Le fondement unique de la société civile, c’est la morale. Toutes les associations qui nous font la guerre reposent sur le crime : ce ne sont aux yeux de la vérité que des hordes de sauvages policés et de brigands disciplinés. À quoi se réduit donc cette science mystérieuse de la politique et de la législation ? À mettre dans les lois et dans l’administration les vérités morales reléguées dans les livres des philosophes, et à appliquer à la conduite des peuples les notions triviales de probité que chacun est forcé d’adopter pour sa conduite privée, c’est-à-dire à employer autant d’habileté à faire régner la justice que les gouvernements en ont mis jusqu’ici à être injustes impunément ou avec bienséance.

Aussi, voyez combien d’art les rois et leurs complices ont épuisé pour échapper à l’application de ces principes, et pour obscurcir toutes les notions du juste et de l’injuste ! Qu’il était exquis le bon sens de ce pirate, qui répondit à Alexandre : On m’appelle brigand, parce que je n’ai qu’un navire ; et toi, parce que tu as une flotte, on t’appelle conquérant ! Avec quelle impudeur ils font des lois contre le vol, lorsqu’ils envahissent la fortune publique ! On condamne en leur nom les assassins, et ils assassinent des millions d’hommes par la guerre et par la misère ! Sous la monarchie, les vertus domestiques ne sont que des ridicules ; mais les vertus publiques sont des crimes : la seule vertu est d’être l’instrument docile des crimes du prince ; le seul honneur est d’être aussi méchant que lui. Sous la monarchie, il est permis d’aimer sa famille, mais non la patrie ; il est honorable de défendre ses amis, mais non les opprimés. La probité de la monarchie respecte toutes les propriétés, excepté celles du pauvre ; elle protège tous les droits, excepté ceux du peuple.

Voici un article du code de la monarchie :

Tu ne voleras pas, à moins que tu ne sois le roi, ou que tu n’aies obtenu un privilège du roi. Tu n’assassineras pas, à