Page:Œuvres de Robespierre.djvu/344

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ractère, analogue à la nature de notre gouvernement et à la sublimité des destinées de notre république ; vous sentirez la nécessité de la rendre commune et égale pour tous les Français. Il ne s’agit plus de former des messieurs, mais des citoyens ? la patrie a seule le droit d’élever ses enfants ; elle ne peut confier ce dépôt à l’orgueil des familles ni aux préjugés des particuliers, aliments éternels de l’aristocratie, et d’un fédéralisme domestique qui rétrécit les âmes en les isolant, et détruit avec l’égalité tous les fondements de l’ordre social. Mais ce grand objet est étranger à la discussion actuelle.

Il est cependant une sorte d’institution qui doit être considérée comme une partie essentielle de l’éducation publique, et qui appartient nécessairement au sujet de ce rapport ; je veux parler des fêtes nationales.

Rassemblez les hommes ; vous les rendrez meilleurs, car les hommes rassemblés chercheront à se plaire, et ils ne pourront se plaire que par les choses qui les rendent estimables. Donnez à leur réunion un grand motif moral et politique, et l’amour des choses honnêtes entrera avec le plaisir dans les cœurs, car les hommes ne se voient pas sans plaisir.

L’homme est le plus grand objet qui soit dans la nature et le plus magnifique de tous les spectacles, c’est celui d’un grand peuple assemblé. On ne parle jamais sans enthousiasme des fêtes nationales de la Grèce ; cependant elles n’avaient guère pour objet que des jeux où brillaient la force du corps, l’adresse, ou tout au plus le talent des poëtes et des orateurs ; mais la Grèce était là : on voyait un spectacle plus grand que les jeux ; c’étaient les spectateurs eux-mêmes, c’était le peuple vainqueur de l’Asie, que les vertus républicaines avaient élevé quelquefois au-dessus de l’humanité ; on voyait les grands hommes qui avaient sauvé et illustré la patrie ; les pères montraient à leur fils Miltiade, Aristide, Épaminondas, Timoléon, dont la seule présence