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TRAITÉ

livres qui portent le nom de Shamuel, puisque le récit qui y est contenu se prolonge fort au delà de la vie de ce prophète. Je prie seulement qu’on fasse attention que ces livres sont postérieurs à Shamuel de plusieurs siècles. Nous trouvons en effet au livre I (chap. ix, vers. 6) une sorte de parenthèse, où l’historien nous avertit qu’autrefois, en Israël, ceux qui se disposaient à aller consulter Dieu disaient : Allons, rendons-nous auprès du Voyant ; car on appelait alors Voyant celui qu’aujourd’hui on nomme Prophète.

Il ne nous reste plus qu’à dire un mot des livres des Rois ; car il résulte de ces livres eux-mêmes qu’ils ont été formés de différentes pièces, savoir les livres des faits de Salomon (voyez Rois, I, chap. xi, vers. 5), les chroniques des rois de Juda (voyez ibid., chap. xiv, vers. 19-29), et les chroniques des rois d’Israël.

Concluons donc que tous les livres dont nous venons de parler successivement sont apocryphes, et que les événements dont on y trouve le récit sont racontés comme s’étant passés à une époque très-ancienne. Si l’on considère maintenant la suite et l’objet de tous ces livres, on n’aura pas de peine à reconnaître qu’ils sont l’ouvrage d’un seul historien, qui s’est proposé d’écrire les antiquités juives depuis les temps les plus reculés jusqu’à la première dévastation de Jérusalem. Ces livres, en effet, sont si étroitement liés qu’il est visible, par cet unique point, qu’ils forment un seul et même récit, composé par un seul et même historien. Aussitôt que l’histoire de la vie de Moïse est terminée, on passe immédiatement à celle de la vie de Josué en ces termes : « Et il arriva, quand Moïse, le serviteur de Dieu, fut mort, que Dieu dit à Josué, » etc. Parvenu à la mort de Josué, l’historien se sert de la même transition pour commencer l’histoire des juges. « Et il arriva, quand Josué fut mort, que les enfants d’Israël demandèrent à Dieu, » etc. Le livre de Ruth est rattaché comme une sorte d’appendice à celui des Juges : Et il arriva, au temps que les juges ju-,