Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome II.djvu/274

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

taient les ordres du Christ ; et ils n’avaient pas besoin, avant de partir, d’une révélation qui leur fît connaître ce qu’ils prêcheraient ; aussi bien ils étaient ces disciples à qui Jésus-Christ avait dit : Quand ils vous livreront, ne vous inquiétez ni de ce que vous direz ni de la manière dont vous le direz ; car à cette heure-là ce que vous aurez à dire vous sera inspiré, etc. (voyez Matthieu, ch. X, vers. 19, 20). Nous concluons donc que les apôtres n’ont eu de révélation spéciale que pour ce qu’ils ont prêché de vive voix et confirmé par des signes (voyez ce que nous avons démontré au commencement du chapitre II), et que, pour ce qu’ils ont enseigné simplement par écrit et de vive voix, sans recourir à aucun signe qui fût comme un témoignage de la vérité de leur parole, ils l’ont dit ou écrit d’après une connaissance toute naturelle (voyez à ce sujet l’Épître I aux Corinthiens, chap. XIV, vers. 6) : et ici nous ne nous embarrassons pas de cette circonstance, que toutes les Épîtres commencent par l’apologie de l’apostolat ; car les apôtres ont reçu, comme je le prouverai tout à l’heure, non-seulement le pouvoir de prophétiser, mais aussi l’autorité d’enseigner. Et c’est pour cette raison que nous estimons qu’ils ont écrit leurs Épîtres en qualité d’apôtres, et que conséquemment chacun d’eux les a commencées par l’apologie de son apostolat ; ou peut-être, pour captiver plus facilement l’esprit du lecteur et exciter plus vivement son attention, ont-ils voulu, avant tout, attester qu’ils étaient les mêmes qui s’étaient fait connaître aux fidèles par leurs prédications, et qui avaient alors prouvé par d’éclatants témoignages qu’ils enseignaient la vraie religion et la voie du salut. Car tout ce que je lis dans ces Épîtres sur la vocation des apôtres et sur l’Esprit saint et divin dont ils étaient animés se rapporte aux prédications qu’ils avaient faites ; excepté cependant ces passages où l’Esprit de Dieu, l’Esprit-Saint, marque simplement une âme saine, heureuse et toute à Dieu, etc. (comme nous l’avons vu dans le Ier chap.). Prenons pour exemple ces pa-