Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome II.djvu/286

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ture et la pensée des prophètes, autre chose est comprendre la pensée de Dieu, c’est-à-dire la vérité même de la chose, comme cela résulte de nos démonstrations du chapitre II touchant les prophètes ; et nous avons prouvé au chapitre VI que cela doit encore avoir lieu dans les histoires et dans les miracles ; bien entendu qu’il ne s’agit pas des passages où il est question de la vraie religion et de la vraie vertu ; 3° parce que les livres de l’Ancien Testament ont été choisis entre plusieurs, et ont été enfin recueillis et approuvés par le concile des pharisiens, comme nous l’avons établi au chapitre X. Mais les livres du Nouveau Testament ont été aussi déclarés canoniques par les décrets de certains conciles, qui ont en même temps rejeté comme apocryphes plusieurs autres livres regardés comme sacrés par un grand nombre de personnes. Or les membres de ces conciles (tant des pharisiens que des chrétiens) n’étaient pas composés de prophètes, mais seulement de docteurs et de savants ; et cependant il faut avouer que dans ce choix la parole de Dieu leur a servi de règle ; ainsi donc, avant d’approuver tous ces livres, ils ont dû nécessairement connaître la parole de Dieu ; 4° parce que les apôtres ont écrit, non en tant que prophètes, mais en tant que docteurs (comme nous l’avons dit dans le chapitre précédent), et que, pour enseigner, ils ont choisi la voie qu’ils jugeaient la plus facile pour les disciples qu’ils voulaient alors éclairer ; d’où il suit (comme nous l’avons aussi conclu à la fin du chapitre précité) que ces livres contiennent bien des choses dont nous pouvons nous passer par rapport à la religion ; 5° enfin, parce que le Nouveau Testament contient quatre évangélistes. Qui croira en effet que Dieu ait voulu raconter quatre fois l’histoire du Christ et la communiquer quatre fois aux hommes par écrit ? et quoique l’on trouve dans l’un ce qui ne se rencontre pas dans l’autre et que l’un serve souvent à l’intelligence de l’autre, il faut cependant se garder d’en conclure que tout ce qui est exposé dans ces qua-