Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome II.djvu/35

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Si l’on pouvait inférer de pareilles choses de ce qu’on prétendrait qu’il y aurait eu quelque correspondance entre deux personnes, je ne me trouverais pas fort en sûreté, et il n’y a guère de pasteurs qui n’eussent tout à craindre aussi bien que moi de la part des calomniateurs, puisqu’il nous est quelquefois impossible d’éviter tout commerce avec des personnes dont la créance n’est pas toujours des plus orthodoxes.

Je me souviens ici volontiers de Guillaume de Deurhof, d’Amsterdam, et le nomme avec toute la distinction qu’il mérite. C’est un professeur qui, dans ses ouvrages et particulièrement dans ses leçons théologiques, a toujours vivement attaqué les sentiments de Spinoza. Le sieur François Halma lui rend justice dans ses Remarques sur la vie et sur les opinions de Spinoza, page 85, lorsqu’il dit qu’il a réfuté les sentiments de ce philosophe d’une manière si solide, qu’aucun de ses partisans n’a jamais osé jusqu’à présent le prendre à partie et se mesurer avec lui. Il ajoute que ce subtil écrivain est encore en état de repousser comme il faut l’auteur de la Vie de Philopater sur les calomnies qu’il a débitées à la page 193 et de lui fermer la bouche.

Je ne dirai qu’un mot de deux auteurs célèbres, et les joindrai ensemble, quoiqu’un peu opposés l’un à l’autre pour le présent. Le premier est M. Bayle, trop connu dans la république des lettres pour devoir en faire ici l’éloge. Le second est M. Jacquelot, ci-devant ministre de l’Église française à la Haye, et a présent prédicateur ordinaire de Sa Majesté le roi de Prusse. Ils ont fait l’un et l’autre de savantes et solides remarques sur la vie, les écrits et les sentiments de Spinoza. Ce qu’ils ont publié sur cette matière, avec l’approbation de tout le monde, a été traduit en flamand par François Halma, libraire à Amsterdam et homme de lettres. Il a joint à sa traduction une préface et quelques remarques judicieuses sur la suite de la Vie de Philopater. Ce qui est de lui vaut aussi son prix et mérite d’être lu.

Il n’est pas nécessaire de parler ici de plusieurs écrivains qui ont attaqué les sentiments de Spinoza tout récemment à l’occasion d’un livre intitulé Hemel op Aarden, le Paradis sur la terre, composé par M. van Leenhoff, ministre réformé à Zwoll, où l’on prétend que ce ministre bâtit sur les fondements de Spinoza. Ces choses sont trop récentes et trop connues du public pour s’y arrêter ; c’est pourquoi je passe outre pour parler de la mort de ce célèbre athée.