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Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome III.djvu/172

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bien qu’il ne faut, à cause de l’amour qu’on a pour elle.


DÉFINITION XXII

Le mépris consiste à penser d’une personne moins de bien qu’il ne faut, à cause de la haine qu’on a pour elle.

Explication : L’estime est donc un effet ou une propriété de l’amour, et le mépris a le même rapport avec la haine. On peut donc définir ainsi l’estime : L’estime, c’est l’amour en tant qu’il dispose l’homme à penser de l’objet aimé plus de bien qu’il ne faut ; et le mépris, au contraire, c’est la haine en tant qu’elle dispose l’homme à penser de l’objet haï moins de bien qu’il ne faut. (Voy. sur tout cela le Schol. de la Propos. 26, partie 3.).


DÉFINITION XXIII

L’envie, c’est la haine, en tant qu’elle dispose l’homme à s’attrister du bonheur d’autrui, et au contraire à se réjouir de son malheur.

Explication : A l’envie on oppose communément la miséricorde, laquelle peut donc se définir ainsi, en dépit de la signification du mot.


DÉFINITION XXIV

La miséricorde, c’est l’amour en tant qu’il dispose l’homme à se réjouir du bien d’autrui et à s’attrister de son malheur.

Explication : Voyez sur l’envie le Schol. de la Propos. 24, et le Schol. de la Propos. 32, partie 3. Les diverses affections de joie et de tristesse que je viens de définir sont toutes accompagnées de l’idée d’une chose extérieure, comme cause immédiate ou accidentelle. Je passe maintenant à des affections accompagnées de l’idée d’une chose intérieure comme cause.


DÉFINITION XXV

La paix intérieure est un sentiment de joie qui provient de ce que l’homme contemple son être et sa puissance d’agir.


DÉFINITION XXVI

L’humilité est un sentiment de tristesse qui provient de ce que l’homme contemple son impuissance et sa faiblesse.

Explication : La paix intérieure s’oppose à l’humilité, en tant qu’on la définit un sentiment de joie né de la contemplation de notre puissance d’agir ; mais en tant qu’on la définit d’une autre manière, savoir, un sentiment de joie accompagné de l’idé