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Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome III.djvu/196

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comme nécessaire, nous affirmons son existence, et au contraire, nous nions l’existence d’une chose en tant que nous l’imaginons comme non nécessaire (par le Schol. 1 de la Propos. 33, part. 1) ; d’où il suit (par la propos. 9, part. 4) que notre passion est plus forte, toutes choses égales d’ailleurs, pour un objet que nous imaginons comme nécessaire que pour un objet qui ne l’est pas. C. Q. F. D.


PROPOSITION XII

Notre passion est plus forte, toutes choses égales d’ailleurs, pour un objet que nous savons ne pas exister présentement et que nous imaginons comme possible que pour un objet contingent.

Démonstration : En tant que nous imaginons un objet comme contingent, nous ne sommes affectés de l’image d’aucune chose qui pose l’existence de cet objet (par la Déf. 3, part. 4), et au contraire (suivant l’hypothèse), nous imaginons certaines choses qui excluent son existence présente ; d’un autre côté, en tant que nous imaginons ce même objet comme possible dans l’avenir, nous imaginons certaines choses qui posent son existence (par la Déf. 4, part. 4), c’est-à-dire (par la Propos. 18, part. 3) qui alimentent dans notre âme l’espérance ou la crainte ; d’où il suit que notre passion pour un objet possible est plus forte. C. Q. F. D.

Corollaire : Notre passion pour une chose que nous savons ne pas exister présentement et que nous imaginons comme contingente est beaucoup plus faible que si nous imaginions la chose comme nous étant présentes.

Démonstration : Notre passion pour un objet que nous imaginons comme présent est plus forte que si nous l’imaginions comme futur (par le Coroll. de la Propos. 9, part. 4), et elle est d’autant plus énergique que nous imaginons l’intervalle qui la sépare du présent comme plus petit (par la Propos. 10, part. 4). Par conséquent, notre passion pour une chose que nous imaginons dans un avenir lointain est beaucoup plus faible que si nous l’imaginions dans le présent, et cependant (par la Propos.