Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome III.djvu/400

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étaient à peu près d’accord ; mais je vois bien par la seconde (qui m’a été remise le 21 de ce mois) qu’il en est tout autrement, et que nous avons des sentiments contraires, non-seulement sur certaines conséquences très-éloignées des premiers principes, mais sur ces premiers principes eux-mêmes ; et notre désaccord va même si loin que je ne vois plus en quoi ce commerce de lettres peut servir à nous éclairer l’un l’autre. Je m’aperçois qu’aucune preuve, si solide qu’elle soit selon les lois de la démonstration, n’a de force à vos yeux qu’à condition de s’accorder avec l’Écriture sainte, telle que vous l’entendez, vous ou d’autres théologiens de votre connaissance. Et sans doute, si vous pensez que Dieu nous parle un langage plus clair et plus efficace par l’Écriture sainte que par cette lumière naturelle de l’entendement qu’il a daigné nous accorder et que sa divine sagesse nous conserve pure et toujours présente, vous avez alors de bonnes raisons pour accommoder votre esprit aux opinions que vous attribuez à l’Écriture sainte, et je déclare qu’à votre place je n’agirais pas autrement. Mais faisant profession de croire, sans restriction et sans détour, que je n’entends pas l’Écriture sainte, quoique j’aie passé quelques années à la méditer, et convaincu d’ailleurs, quand j’ai trouvé une démonstration solide, qu’il est impossible que je vienne jamais à en douter, je me repose avec une parfaite confiance et sans aucune crainte d’illusion dans ce que la raison me fait voir clairement, et je me tiens assuré, sans même lire l’Écriture sainte, qu’elle n’y peut contredire. Car, comme je l’ai remarqué assez clairement dans mon Appendice 1 (je ne puis indiquer le chapitre, n’ayant pas l’ouvrage avec moi à la campagne), la vérité ne peut être contraire à la vérité. Et si je venais à penser une seule fois que je n’ai recueilli jusqu’à ce moment du travail de ma raison d’autre fruit que l’erreur, cela suffirait pour me rendre entièrement