Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 2, Lemerre, 1890.djvu/253

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II


Oh ! quelle joie au séjour morne
Des pauvres Enfants détenus,
Limbes grises, tombeau que borne
Un horizon de grands murs nus,

Lorsque la porte qui s’entr’ouvre,
Laissant passer le jour vermeil,
À leurs yeux ravis vous découvre
Comme un ange dans le soleil !

Pour le penseur chose effrayante !
L’homme jetant à la prison
La faute encore inconsciente
Et le crime avant la raison !

Là sont des Cartouches en herbe
Dont les dents de lait ont mordu,
Comme un gâteau, le fruit acerbe
Qui pend à l’arbre défendu ;

Des scélérats sevrés à peine ;
De petits bandits de douze ans,
D’un mauvais sol mauvaise graine,
Tous coupables, mais innocents !

Hélas ! pour beaucoup la famille
Fut le repaire et non le nid,
La caverne où gronde et fourmille
Le monde fauve qu’on bannit.