Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 2, Lemerre, 1890.djvu/94

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L’Ondine et le Pêcheur


Tous les jours, écartant les roseaux et les branches,
Près du fleuve où j’habite un pêcheur vient s’asseoir
— Car sous l’onde il a vu glisser des formes blanches —
Et reste là, rêveur, du matin jusqu’au soir.

L’air frémit, l’eau soupire et semble avoir une âme,
Un œil bleu s’ouvre et brille au cœur des nénufars,
Un poisson se transforme et prend un corps de femme,
Et des bras amoureux, et de charmants regards.

              « Pêcheur, suis-moi ; je t’aime.
              Tu seras roi des eaux,
              Avec un diadème
              D’iris et de roseaux !

              « Perçant, sous l’eau dormante,
              Des joncs la verte mante,
              Auprès de ton amante
              Plonge sans t’effrayer :