Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 3, Lemerre, 1890.djvu/109

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Elles s’assemblent par centaines,
Se concertant pour le départ.
L’une dit : « Oh ! que dans Athènes
Il fait bon sur le vieux rempart !

« Tous les ans j’y vais et je niche
Aux métopes du Parthénon.
Mon nid bouche dans la corniche
Le trou d’un boulet de canon. »

L’autre : « J’ai ma petite chambre
À Smyrne, au plafond d’un café.
Les Hadjis comptent leurs grains d’ambre
Sur le seuil, d’un rayon chauffé.

« J’entre et je sors, accoutumée
Aux blondes vapeurs des chiboucks,
Et parmi des flots de fumée
Je rase turbans et tarboucks. »

Celle-ci : « J’habite un triglyphe
Au fronton d’un temple, à Balbeck ;
Je m’y suspends avec ma griffe
Sur mes petits au large bec. »

Celle-là : « Voici mon adresse :
Rhodes, palais des chevaliers ;
Chaque hiver, ma tente s’y dresse
Au chapiteau des noirs piliers. »

La cinquième : « Je ferai halte.
Car l’âge m’alourdit un peu,
Aux blanches terrasses de Malte,
Entre l’eau bleue et le ciel bleu. »