Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 3, Lemerre, 1890.djvu/131

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LA NUE


À l’horizon monte une nue,
Sculptant sa forme dans l’azur :
On dirait une vierge nue
Émergeant d’un lac au flot pur.

Debout dans sa conque nacrée,
Elle vogue sur le bleu clair,
Comme une Aphrodite éthérée,
Faite de l’écume de l’air.

On voit onder en molles poses
Son torse au contour incertain,
Et l’aurore répand des roses
Sur son épaule de satin.

Ses blancheurs de marbre et de neige
Se fondent amoureusement
Comme, au clair-obscur du Corrège,
Le corps d’Antiope dormant.