Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 3, Lemerre, 1890.djvu/227

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Il est d’un poil douteux et d’une teinte neutre.

Frontin.
Dites qu’il est déteint, bossue, crasseux, gras ;
Que le soleil, la pluie etjes ans l’ont fait ras ;
J’en conviens. Mais jamais sur la terre où nous sommes,
Depuis les temps anciens que se coiffent les hommes,
Bien qu’il soit déformé, sans ganse et tout roussi,
Il n’exista chapeau pareil à celui-ci !

Géronte.
J’en ai vu d’aussi laids, mais non pas de plus sales !

Frontin.
D’où pensez-vous qu’il vienne ?

Géronte.
D’où pensez-vous qu’il vienne ?Eh ! des piliers des halles !

Frontin.
Fi donc ! c’est le chapeau de Fortunatus !

Géronte.
Fi donc ! c’est le chapeau de Fortunatus !Ça ?

Frontin.
Ça ! le chapeau qui rend invisible. Il passa
Dans mes mains par un tas de hasards incroyables,
D’événements trop vrais pour être vraisemblables.

Géronte.
Quand on a ce chapeau sur la tête, dis-tu,
Personne ne vous voit ?

Frontin.
Personne ne vous voit ?