Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 3, Lemerre, 1890.djvu/85

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LA SOURCE


Tout près du lac filtre une source,
Entre deux pierres, dans un coin ;
Allègrement l’eau prend sa course
Comme pour s’en aller bien loin.

Elle murmure : « Oh ! quelle joie !
Sous la terre il faisait si noir !
Maintenant ma rive verdoie,
Le ciel se mire à mon miroir.

« Les myosotis aux fleurs bleues
Me disent : « Ne m’oubliez pas ! »
Les libellules de leurs queues
M’égratignent dans leurs ébats ;

« À ma coupe l’oiseau s’abreuve…
Qui sait ? après quelques détours
Peut-être deviendrai-je un fleuve
Baignant vallons, rochers et tours.