Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/124

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prairies se couvrent naturellement de fruits et de verdure. Ainsi le Tmolus nous envoie son safran, l’Inde son ivoire, les plaines de Saba leur encens, le noir Chalybe son fer, le Pont son fétide castoréum, l’Épire ses cavales célèbres par les palmes de l’Élide.

Telles sont les lois immuables que la nature a, dans le principe, imposées à chaque contrée, lorsque, pour repeupler l’univers, Deucalion jeta sur la terre déserte ces pierres qui produisirent des hommes durs comme elles.

Courage donc ! Si la terre est forte, que, dès les premiers mois de l’année, de vigoureux taureaux la retournent, et qu’exposées aux rayons du soleil d’été les mottes soient ainsi réduites et pulvérisées ; mais si le sol est peu fécond, il suffira d’y tracer, au retour de l’Arcture, un léger sillon. De cette manière, dans les terres fortes, l’herbe n’étouffera pas le bon grain, et les terres légères ne perdront pas le peu de suc dont elles sont humectées.

Il faut, les blés enlevés, laisser ton champ se reposer et se raffermir pendant une année ; on n’y sème du froment que l’année suivante, et après en avoir tiré une récolte de pois secs, de vesce légère ou d’amers lupins à la tige fragile, a la bruyante cosse. Mais écarte le lin, l’avoine, le pavot soporifique : ils des-