Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et abrite ses rives sous les flexibles roseaux. Au milieu du temple, je placerai César : il en sera le dieu. Moi-même, en son honneur, ceint du laurier de la victoire, et brillant de l’éclat de la pourpre tyrienne, je ferai, sur les bords du fleuve, voler cent quadriges rapides. Pour ces jeux, toute la Grèce quittera l’Alphée et les bois sacrés de Molorque : elle viendra disputer le prix de la course et du ceste sanglant. Et moi, le front paré d’un rameau d’olivier, je couronnerai les vainqueurs. Il me semble déjà conduire au temple la pompe triomphale ; déjà je vois les victimes immolées. La scène m’étale ses spectacles divers, et le Breton soulève ces riches tapisseries où sont tissues ses défaites. Sur les portes du temple, je représenterai, en or et en ivoire, avec les armes du nouveau Romulus, ses combats au bord du Gange. On y verra le Nil enfler, sous le poids des flottes guerrières, ses ondes majestueuses, et l’airain des vaisseaux ennemis s’élever au ciel en superbes colonnes. J’ajouterai les villes domptées de l’Asie, le Niphate repoussé, le Parthe cherchant en vain son salut dans les flèches qu’il lance en fuyant ; les trophées de deux victoires remportées en deux contrées diverses, et, de l’un à l’autre rivage, les nations deux fois vaincues. Le marbre de Paros y ranimera, sous de vivantes images, la race d’Assaracus, et cette suite de héros descendus de Jupiter, et Tros leur père, et le dieu