Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/243

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Toi-même un jour, plus tranquille, tu recevras dans l’Olympe ce héros chargé des dépouilles de l’Orient, et les mortels lui élèveront des autels. Alors des siècles rudes et grossiers s’adouciront dans la paix. L’antique probité, Vesta, Remus et Quirinus son frère, donneront au monde des lois. Les redoutables portes de la Guerre seront fermées par des chaînes de fer, et la Fureur impie, assise dans le temple sur un faisceau d’armes homicides, les mains liées derrière le dos par cent nœuds d’airain, frémira de rage, horrible et la bouche sanglante. »

Il dit ; et, du haut de l’Olympe, il envoie le fils de Maïa préparer aux Troyens l’hospitalité sur le sol et dans les remparts de la nouvelle Carthage ; car il craint qu’ignorant l’ordre du destin, Didon ne les éloigne de ses états. Le dieu, déployant ses ailes rapides, fend les plaines de l’éther, et bientôt il atteint les rivages de Libye ; il exécute les ordres qu’il a reçus. Déjà les Phéniciens déposent, à son gré, la rudesse de leur caractère ; déjà leur reine prend pour les Troyens des dispositions pacifiques et des sentiments favorables.

Cependant, le pieux Énée, agité, durant la nuit, de mille pensers divers, résolut, dès que la douce lumière chassa les ténèbres, de parcourir et de visiter ces rivages nouveaux, de reconnaître sur quelles côtes les vents l’ont jeté, et si cette terre, qu’il voit