Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/262

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fait naître, lorsque, te pressant dans ses bras, elle t’imprimera de tendres baisers, souffle en elle un feu secret, et glisse dans ses veines ton poison trompeur. »

L’amour obéit à la voix de sa mère chérie ; il dépose ses ailes, et se plaît à imiter la démarche d’Iule. Cependant Vénus verse dans les membres d’Ascagne un doux repos, et, l’emportant dans ses bras, s’élève vers les bois sacrés d’Idalie, où la molle marjolaine l’enveloppe de ses fleurs odorantes et de son suave ombrage.

Fidèle aux ordres de sa mère, l’Amour, conduit par Achate, allait gaiement porter à Carthage les présents des Troyens. Il arrive : et déjà, sur un lit d’or magnifiquement orné, la reine s’est placée au milieu du banquet ; déjà Énée et les Troyens s’assemblent et s’étendent sur des lits de pourpre. Des esclaves versent l’eau sur les mains des convives, leur présentent de fins tissus, et tirent des corbeilles les dons de Cérès. Dans l’intérieur, cinquante femmes préparent la longue ordonnance du festin, et honorent les pénates près d’un foyer ardent. Cent autres jeunes filles de Tyr, et un pareil nombre de Tyriens du même âge, placent sur la table les mets et les coupes. De leur côté, les Tyriens entrent en foule dans la salle joyeuse du banquet, et sont invités à prendre place sur des lits ornés de broderies. Ils admirent les