Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/264

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tous gardent le silence : « Ô Jupiter, s’écrie-t-elle, car c’est toi, dit-on, qui présides à l’hospitalité, fais que ce jour soit heureux pour les Tyriens et pour les guerriers venus de Troie, et que nos neveux en gardent le souvenir ! Que Bacchus, père de la joie, que Junon, propice, soient avec nous ! Et vous, Tyriens, apportez à la célébration de ce banquet un esprit favorable. »

Elle dit, épand en libation, sur la table, les prémices de la liqueur, effleure le breuvage de ses lèvres, puis le donne à Bitias, en l’excitant à boire : lui, sans hésiter, vide le cratère écumant, et s’abreuve dans l’or de tout ce qu’il contient. Et tandis que les principaux convives suivent son exemple, Iopas, à la longue chevelure, répète, sur la lyre d’or, les chants qui lui furent appris par le grand Atlas : il dit le cours vagabond de la lune et les éclipses du Soleil ; l’origine des hommes et des animaux ; comment se forment la pluie et les feux de l’éther ; il chante Arcturus, les Hyades pluvieuses, et les deux Ourses ; comment les soleils d’hiver se hâtent de se plonger dans l’Océan, et quel obstacle, pendant l’été, rend la nuit paresseuse. Les Tyriens font entendre leurs applaudissements, et les Troyens y répondent.

Cependant la malheureuse Didon prolongeait la nuit par divers entretiens, et s’enivrait d’un long amour. Sans cesse elle inter-