Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/296

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de sa chute soudaine, chancelle et balance sa chevelure tremblante, jusqu’à ce qu’enfin, vaincu par ses blessures, il pousse un dernier gémissement, et se précipite avec fracas du haut de la montagne.

Je descends, et, conduit par la déesse, je traverse sans obstacle les flammes et les ennemis. Les traits me laissent un passage, et devant moi la flamme s’éloigne. Dès que j’atteins le seuil antique du palais paternel, Anchise, premier objet de mon inquiétude, et que je veux emporter le premier sur les montagnes voisines, refuse de survivre à la ruine de Troie, et de souffrir les maux de l’exil : « Vous, dit-il, qui avez encore le sang et l’ardente vigueur de la jeunesse, fuyez ! Pour moi, si les dieux de l’Olympe avaient voulu prolonger mes jours, ils m’auraient conservé ces demeures. C’est assez, c’est trop pour moi d’avoir vu le désastre d’Ilion, et d’avoir survécu à sa ruine. C’est ici, c’est ici qu’est mon lit funèbre ! dites-moi le dernier adieu, et fuyez ! Je saurai trouver la mort en combattant ; un ennemi me la donnera par pitié, ou pour avoir ma dépouille. Il est facile de se passer d’un tombeau. Dès longtemps haï des dieux, je traîne d’inutiles années, depuis que le père des dieux et des hommes me frappa du vent de sa foudre, et me toucha de ses feux. »