Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/312

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vint infecter les corps, les arbres et les moissons, et détruire l’espoir de l’année. Les hommes abandonnaient la douce lumière, ou traînaient des corps languissants. L’ardent Sirius brûlait les stériles campagnes ; l’herbe était desséchée, et les épis malades refusaient le grain nourricier. Mon père nous presse de remonter sur nos vaisseaux, de retourner à Délos pour consulter une seconde fois l’oracle, de fléchir Apollon, et d’apprendre de lui quel terme il met à nos malheurs ; où il nous ordonne d’en chercher le remède et de diriger notre course incertaine.

Il était nuit, et tout ce qui respire sur la terre était plongé dans le sommeil, lorsque les images sacrées des dieux et les pénates de Phrygie, que j’avais ravis aux flammes de Pergame et emportés sur les mers, m’apparaissent en songe, éclatants de la vive lumière que les pleins rayons de la lune versaient par les fenêtres. Puis ils m’adressent ces paroles qui consolent mes ennuis : « Ce que te dirait Apollon, si tu retournais à Délos, il te l’annonce par notre bouche, et c’est lui qui nous envoie maintenant devant toi. Nous qui, après l’embrasement d’Ilion, avons suivi la fortune de tes armes ; qui, avec toi, sur les mêmes vaisseaux, avons traversé les mers orageuses, nous élèverons jusqu’aux astres tes futurs descendants, et nous donnerons à leur ville l’empire du monde. Toi, prépare à ce grand peuple une