Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/329

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ont bâtie. Puisse-t-elle, élevée sous de meilleurs auspices, être moins en butte à la fureur des Grecs ! Si j’entre jamais dans le Tibre et dans les champs voisins du Tibre, si je vois s’élever les remparts promis à ma nation, je veux que ces villes alliées et ces peuples du même sang, je veux que l’Épire et l’Hespérie, unies par une commune origine et des malheurs communs, ne forment dans nos cœurs qu’une seule et même patrie, et que ce sentiment se transmette à nos derniers neveux. »

Les voiles sont déployées ; nous voguons vers les monts Cérauniens : c’est la route de l’Italie, et le plus court trajet sur les ondes. Cependant le soleil achève sa course à l’occident, et les montagnes se couvrent d’une ombre épaisse. Nous nous étendons, près de la mer, sur le sein d’une terre désirée, après avoir désigné par la voie du sort les gardiens des rames : couchés sans ordre sur le sable, nous réparons nos forces, et le sommeil rafraîchit nos membres fatigués.

La Nuit, que conduisent les Heures, n’avait pas encore atteint le milieu de son cours : le vigilant Palinure se lève ; il interroge tous les vents d’une oreille attentive au moindre souffle de l’air. Il observe les astres qui roulent dans le silence des cieux, l’Arcture, les Hyades pluvieuses, les deux Ourses ; il contemple Orion, armé d’un or étincelant. À la vue d’un ciel calme et d’une