Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/408

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feux s’éteignent, et, à l’exception de quatre navires dévorés par la flamme, tous les autres échappent au fléau.

Cependant, abattu par cet affreux revers, Énée flotte irrésolu entre les graves soucis qui agitent son cœur : oubliant les destins, se fera-t-il dans la Sicile une patrie ? ou devra-t-il chercher encore l’Italie à travers les mers ? Tandis qu’il est incertain, le vieux Nautès, que Pallas instruisit elle-même et rendit célèbre par une science profonde de l’avenir, fait connaître au héros ce qu’il devra craindre de la colère des dieux, et ce que, dans leurs décrets immuables, exigent les destins. Il console le chef des Troyens en ces mots : « Fils de Vénus, suivons, malgré tous les obstacles, la route où les destins nous entraînent. Quoi qu’il arrive, la patience triomphe toujours de la fortune. Aceste est Troyen comme vous ; comme vous il est du sang des dieux. Associez-le à vos projets, et formez avec lui l’alliance qu’il désire. Remettez entre ses mains ceux de vos compagnons dont les vaisseaux sont perdus, et tous ceux que rebutent votre grande entreprise et vos nobles travaux : les vieillards accablés d’ans, les femmes fatiguées de la mer, enfin tout ce qui languit sans force et sans courage contre les dangers. Qu’ils trouvent sur cette terre amie un asile et du repos. Aceste permettra qu’ils donnent à leur ville