Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/493

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peuples depuis longtemps endormis dans la paix. Ici sont les Fescenniens et les Èques-Falisques ; là, ceux qui habitent les hauteurs du Soracte, les plaines de Flavinie, la montagne et les rives du lac de Ciminie, et le bois sacré de Capène. Ils marchent en bon ordre et chantent les louanges de leur roi. Tels, au retour de la pâture, les cygnes au plumage de neige fendent la nue légère, et, des sons mélodieux de leurs longs gosiers, font retentir au loin le Caïstre et le lac Asia. En voyant cette multitude, on l’eût prise, non pour des bataillons couverts d’airain, mais pour une nuée d’oiseaux qui, s’élançant de la haute mer, viennent, avec des cris rauques, s’abattre sur le rivage.

Bientôt s’avance un guerrier sorti du vieux sang des Sabins, le vaillant Clausus, qui conduit une armée immense, et vaut à lui seul une armée : il est la tige de la famille Claudia dont la tribu s’est répandue dans le Latium, depuis que la nation Sabine, reçue dans Rome, n’a plus eu d’autre patrie. Sous ses ordres marchent les cohortes d’Amiterne, les anciens Quirites, toutes les forces d’Eretum et de Mutusca fertile en oliviers ; et ceux qui habitent la ville de Nomente, les plaines de Rosea qu’arrose le Vélino, les affreux rochers de Tétrique, le mont Sévère, Caspérie, Forule et les bords de l’Himelle ; et ceux qui boivent les eaux du