Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/504

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le prince arcadien offrait à l’illustre fils d’Amphitryon et aux dieux de l’Olympe un sacrifice solennel. Avec lui, Pallas, son fils, les chefs de ses guerriers et son humble sénat, faisaient brûler l’encens, et au pied des autels fumait le sang des victimes. Dès qu’ils ont vu les vaisseaux glisser sous l’ombrage de la forêt, poussés par les rames silencieuses, la frayeur les saisit : tous se lèvent, et les tables sont abandonnées, quand l’intrépide Pallas défend d’interrompre le sacrifice : il saisit un javelot, court au rivage, et de loin, sur un tertre élevé : « Étrangers, s’écrie-t-il, quel dessein vous fait tenter ces routes inconnues ? où allez-vous ? qui êtes-vous ? est-ce la paix ou la guerre que vous nous apportez ? »

Alors, du haut de sa poupe, montrant le pacifique rameau d’olivier qu’il tient à la main : « Ce sont, dit Énée, des Troyens que vous voyez, et ces armes ne menacent que les Latins, qui, sans pitié pour notre exil et nos malheurs, nous déclarent une guerre injuste. Nous demandons Évandre. Rapportez-lui nos paroles, et dites-lui que les premiers chefs de la nation troyenne viennent solliciter son alliance et son appui. » Pallas, que ce grand nom frappe d’étonnement : « Ah ! qui que vous soyez, dit-il, descendez ! venez vous-même parler à mon père ; soyez notre hôte, et entrez dans notre demeure. » Puis il lui tend la main et