Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/509

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queue, les traîne à reculons vers sa caverne, et, ayant ainsi tourné en sens inverse les marques de leurs pas, il les cache dans son antre ténébreux. Nulle empreinte ne pouvait guider les recherches vers la caverne.

« Mais tandis que le fils d’Amphitryon rassemble dans les pâturages ses troupeaux rassasiés, et qu’il se dispose au départ, les taureaux font retentir de leurs mugissements ces bois et ces collines, qu’ils quittent à regret. Bientôt, du fond de l’antre, une génisse répond, mugit longuement, et trompe ainsi la vigilance et l’espoir de Cacus. Soudain une sombre fureur s’allume dans l’âme d’Alcide : il saisit ses armes, sa pesante et noueuse massue, et, d’une course rapide, s’élance au sommet de la montagne escarpée. Alors on vit, pour la première fois, Cacus pâlir et ses yeux se troubler. Plus vite que l’Eurus, il fuit, il vole vers sa demeure : la peur donne à ses pieds des ailes ; il s’enferme, et, rompant les chaînes de fer forgées par Vulcain, il fait tomber un énorme rocher qu’elles tenaient suspendu, et fortifie de ce rempart l’entrée de sa caverne. Le dieu de Tirynthe arrive, la fureur dans l’âme : il cherche partout un accès, et porte de tous côtés ses regards, en grinçant les dents. Trois fois, bouillant de colère, il parcourt tout le mont Aventin ; trois fois vainement il essaie