Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/548

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Les Troyens, vivement émus, lui donnent des larmes, surtout le bel Iule, à qui cette image de piété filiale serre le cœur, en lui rappelant son père : « Je te promets, dit-il, tout ce que méritent de si grands desseins : oui, ta mère sera la mienne : il ne lui manquera que le nom de Créuse. Quelle que soit l’issue de l’entreprise, être la mère d’Euryale ne sera pas un faible titre à ma reconnaissance. J’en jure par cette tête, sur laquelle mon père avait coutume de jurer, tout ce que je te promets, à toi, si tu reviens, et si la fortune te seconde, je le promets aussi à ta mère et à ta famille. »

C’est ainsi qu’il parle en pleurant ; et de son épaule il détache son épée dorée, chef-d’œuvre merveilleux du Crétois Lycaon, et habilement ajustée dans un fourreau d’ivoire. Mnesthée donne à Nisus la dépouille d’un lion hérissé, et le fidèle Alétès échange son casque contre le sien.

Ils partent, suivis de l’élite des jeunes gens et des vieillards, qui les accompagne de ses vœux jusqu’aux portes. Ascagne, en qui le courage et la prudence virile ont devancé les années, les charge de nombreux messages pour son père : vaines paroles que les vents emportent et dissipent dans les nues.