Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/552

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dans l’épaisseur du bois, et se confient à la nuit. Les cavaliers s’emparent des sentiers dont les détours leur sont connus, et placent des sentinelles à toutes les issues. Cette forêt était, de toutes parts, hérissée de broussailles et d’yeuses touffues, et obstruée de ronces épaisses : à peine quelques rares sentiers s’ouvraient dans ses noires profondeurs. L’obscure épaisseur du feuillage et le poids de son butin embarrassent la marche d’Euryale, que la frayeur égare bientôt dans ces routes inconnues. Nisus, qui ne s’en est point aperçu, continue de fuir : déjà il avait échappé à l’ennemi, et gagné les lieux qui furent depuis appelés Albains, du nom d’Albe ; le roi Latinus y avait alors de longues métairies.

Il s’arrête, se retourne, ne voit pas son ami… « Malheureux Euryale ! où t’ai-je laissé ? où te chercher maintenant ? » Il se jette aussitôt dans les détours embarrassés de cette perfide forêt, parcourt les sentiers déjà parcourus et les buissons silencieux. Il entend les pas des chevaux, le bruit des armes et les signaux des soldats qui les poursuivent. Bientôt un cri frappe ses oreilles : il voit Euryale, qui, trompé par la nuit et par les lieux, et troublé par cette attaque imprévue, est tombé entre les mains de l’ennemi, qui l’entraîne malgré sa vaine résistance. Que faire ?