Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/574

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s’accomplir, et que l’harmonie règne entre vous : telle est ma volonté. »

Ainsi parle Jupiter en peu de mots ; mais la belle Vénus réplique plus longuement : « Ô mon père, toi dont l’éternelle puissance gouverne les hommes et les dieux, seul appui que nous puissions désormais implorer, tu vois à quel excès les Rutules portent leur audace ; avec quelle insolence Turnus, monté sur son superbe coursier, et enflé de ses premiers succès, nous insulte et nous brave. Les Troyens n’ont plus de remparts qui les protégent : l’ennemi a franchi les portes : la guerre est au centre même des murailles, et les fossés regorgent de sang. Énée, absent, l’ignore. Serons-nous donc partout et toujours assiégés ? L’ennemi menace encore les murs naissants d’une nouvelle Troie. Une autre armée se lève, et le fils de Tydée abandonne l’Étolie pour venir fondre sur les Troyens : qui sait si de nouvelles blessures ne m’attendent pas, et si ta fille n’est pas encore exposée aux armes d’un mortel ?

« Si les Troyens ont abordé l’Italie sans ton aveu, et contre ta volonté, qu’ils expient leur faute ; retire-leur ton appui ; mais s’ils n’ont fait qu’obéir à la voix du ciel et des enfers, comment donc ose-t-on se permettre de changer tes décrets et de donner un autre cours aux destins ? Rappellerai-je ici nos vaisseaux in-