Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/590

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Messape, à la tête de sa cavalerie, accourent prendre part à l’action : les deux partis se repoussent l’un l’autre tour à tour : ils combattent sur le seuil même de l’Ausonie. Tels les vents ennemis se livrent des combats avec une ardeur et des forces égales : ni les vents, ni les nuages, ni les flots ne cèdent ; la lutte est longue et douteuse, tant est grande de part et d’autre l’opiniâtreté des combattants ! Les phalanges latines et troyennes se heurtent avec la même violence : pied contre pied, guerrier contre guerrier, leur masse épaisse s’entre-choque.

Non loin de là, les torrents avaient encombré la plaine de quartiers de rochers et d’arbustes arrachés au rivage : obligés de combattre à pied, contre leur usage, sur ce terrain inaccessible à la cavalerie, les Arcadiens fuyaient en désordre, poursuivis par les Latins. À cet aspect, le jeune Pallas indigné, et mêlant alternativement les reproches et les prières : « Où fuyez-vous, compagnons ? s’écrie-t-il : je vous en conjure, au nom de vos premiers exploits, au nom d’Évandre, votre chef, et des guerres où il a triomphé ; au nom de l’espoir que je nourris de devenir le digne émule de la gloire paternelle, arrêtez ; ce n’est point à l’agilité de vos pieds qu’il faut confier votre salut : c’est le fer qui doit nous frayer un chemin à travers les rangs ennemis ! Voyez ces épais bataillons : c’est là que notre illustre patrie vous rappelle sur les