Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/622

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de gloire ? Qu’admirer le plus en vous, de votre justice ou de vos travaux guerriers ? Du moins, nous reporterons avec reconnaissance vos paroles dans notre patrie, et si la fortune nous y aide, nous vous unirons au roi Latinus : que Turnus aille chercher d’autres alliances. Que dis-je ? ces murs que le sort vous a promis, nous travaillerons à les élever, et nous serons heureux de porter sur nos épaules les pierres destinées à construire la nouvelle Troie. »

Ainsi parle Drancès : son discours est suivi d’un murmure unanime d’approbation. Sur la foi d’une trêve de douze jours, Troyens et Latins, fraternellement confondus, se répandent sur les monts et dans les bois voisins. Sous les coups de la hache au double tranchant le frêne retentit, et le pin altier tombe abattu. Le coin aigu déchire le chêne robuste et le cèdre odorant. Les chariots gémissent sous le poids des ormes.

Mais déjà, messagère d’un si grand malheur, l’agile Renommée, qui publiait naguère les premiers triomphes de Pallas, a rempli d’effroi Évandre, son palais et la ville tout entière. Aussitôt les Arcadiens courent aux portes, et, selon l’antique usage, agitent des torches funéraires, qui prolongent au loin leur clarté sur la route et dans la campagne. Le cortége troyen qui s’avance de son