Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/643

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tour de sa tête les courroies de la fronde, elle abattait la grue du Strymon et le cygne plus blanc que la neige. En vain une foule de mères tyrrhéniennes la souhaitèrent pour bru : mettant sa joie à servir Diane, elle ne cesse de cultiver chastement son goût pour les armes et pour la virginité. Combien j’eusse désiré que, modérant son ardeur guerrière, elle ne s’efforçât pas d’attaquer les Troyens ! Elle m’est chère et serait devenue l’une de mes compagnes. Mais puisqu’un destin cruel lui est réservé, descends du ciel, Nymphe, et rends-toi dans les plaines du Latium, où se livre, sous de malheureux auspices, une funeste bataille. Prends ces armes, et retire de ce carquois une flèche vengeresse. Troyen ou Ausonien, quiconque aura profané par une blessure le corps sacré de Camille, me paiera ce sang précieux de son propre sang. J’enlèverai ensuite dans un nuage le corps de l’infortunée et ses armes, qui ne lui seront pas ravies, et je la déposerai dans la tombe de ses pères. »

Elle dit : la Nymphe fend avec bruit les plaines de l’air au milieu d’un noir tourbillon.

Cependant, la phalange troyenne s’avance vers les murs, et la cavalerie étrusque se déploie tout entière, en escadrons égaux, sous les ordres de ses chefs. Le coursier bondit, frappant la plaine d’un pied impatient, et lutte, en se tournant çà et là, contre le